Comme à chaque fois que l'on change de destination les transferts comportent toujours une variable aléatoire et parfois générateur d'inquiétude, voire d'angoisse.
Lorsque l'on avait débarqué du bateau dans les premiers à Krabi, en provenance de Koh Phi Phi , un bus devait nous emmener ensuite à Surat Thani pour prendre le ferry de nuit pour Koh Tao. Or au bout de près d'une heure, on ne voyait toujours rien venir. Tous les passagers avaient trouvé leur correspondance et nous, nous restions les seuls sur ce grand parking à se demander ce que nous allions faire si jamais on restait en rade ici, loin de la civilisation sans aucun commerce aux alentours. Je harcelais le type qui avait l'air de dispatcher les voyageurs vers les différents véhicules. Il me répondait systématiquement, il faut attendre là, il va venir... Attente interminable... et finalement il vint.
Cette fois ci, pour le bus de nuit qui relie Bangkok à Chiang Rai, je savais que les départs se faisait au terminal 2 des bus, bien au nord de Bangkok. C'est pourquoi après des recherches sur internet j'ai choisi une agence qui proposait un départ de l'agence même pour éviter toute complication, car Bangkok est classée deuxième ville la plus embouteillée au monde, juste après Mexico. C'est incroyable le réseau routier dont ils disposent avec des autos ponts sur 3 niveaux, un métro souterrain, un autre aérien, mais rien n'y fait, ça coince aux heures de pointes quand même.
RV donc à 16h00 à l'agence. On arrive avec une demi-heure d'avance pour ne pas être bousculé. Et commence l'attente...
A 16h20 je vais aux nouvelles en interpellant la dame au guichet, une vielle chinoise style mère pète-sec. Elle attrape son portable et s'en suit une conversation dont je ne capte pas un seul mot, mais à sa mine, je suppose qu'il y a un blème. Elle échange en chinois avec son mari, qui apparaît semble-t-il de la sieste. Il "groumfe" un coup et malgré lui nous fait signe de le suivre. Héberlués on le regarde et la vieille nous fait comprendre qu'il faut prendre les bagages et aller avec son mari. Il nous charge dans un vieux van aussi fatigué que lui et sa femme nous rejoint muni de ses deux bernadettes à la main. Pour qu'elle soit obligée de fermer la boutique, et de venir elle même ça doit sentir mauvais, d'autant plus que un peu plus tôt, trois jeunes avaient déposé leurs bagages à l'agence en attendant de prendre un autres bus dans la soirée. J'imagine la tronche qu'ils doivent tirer en trouvant le rideau baissé s'ils reviennent entre-temps.
Bref, 40 mn plus tard on arrive au grand terminal de bus qui dessert toutes les lointaines destinations y compris les pays voisins. Mamy pète sec ouvre la marche et d'un pas alerte malgré son âge (70/75), traverse les parkings nous amène dans un vaste hall d'attente, nous fait signe de nous asseoir et me réclame la facture d'achat des billets, en nous demandant de l'attendre là. Et elle repart. Parano je me dis, si elle file à l'anglaise retrouver son mari, on est très mal. Je la suis de loin et surveille ce qu'elle fait. Elle se rend à un guichet de vente de billets et tend autoritaire la facture. Sans difficultés elle reçoit en retour deux billets de bus avec les numéros de siège corespondant et elle revient vers nous pour nous conduire directement au quai d'où partira le bus pour Chiang Rai. Je suis à peu près sûr que c'est une solution de secours mais elle a bien assuré, même si elle a perdu sa marge en nous amenant elle même ici. L'essentiel c'est qu'elle n'a pas perdu la face.
Le bus arrive dix minutes plus tard et on démarre aussitôt les bagages et passagers chargés.
On a roulé 12 heures d'affilée sans descendre pour faire de pause toilettes ou dîner. En compensation on a eu droit à une bouteille d'eau chacun et un petit burger, ainsi que les WC dans le bus.
Chaque fois que le bus s'arrêtait, c'était pour prendre de nouveaux passagers ou pour déposer du fret.
A ce rythme là nous sommes arrivés à 5h du matin à moitié comateux au lieu de 7h comme prévu initialement, mais au terminal 2 de Chiang Rai, c'est-à-dire celui à l'extérieur de la ville. J'avais pris soin de prendre une chambre à proximité du terminal 1 en centre ville...
On était bon pour servir de pigeons aux p'tits dej des chauffeurs de taxi et de tuk tuk qui nous sont tombés dessus flairant la bonne affaire. Nous déclinons toutes les offres car rien ne sert de se pointer à 5h du mat à la guest-house et de trouver porte close. On s'installe dans la salle d'attente pour sortir les provisions pour le petit déjeuner, ayant réussi à quémander de l'eau chaude dans mon thermos au troquet à proximité qui venait d'ouvrir.
Une chauffeur (et c'est rare) nous propose de nous amener au terminal 1 à 6 h pour 80 baths, quand je lui demande s'il n'y a pas de minibus qui fait la navette vers le centre ville. Grande maligne, en allant aux toilettes peu de temps après je vois arriver un minibus qui affichait en ruban lumineux, terminal 1., pour 56 baths.
Et c'est comme ça que l'on a poireauté à la réception de notre guest-house jusqu'à 8h pour trouver quelqu'un qui accepte gentiment de faire le check-in immédiatement plutôt que d'attendre midi.