Ça y est , me voilà de retour au pays pour la fête du Têt, la plus importante dans la culture vietnamienne. La dernière fois, en 2018, j'avais accompagné Bà Nôi dans son ultime voyage avant qu'elle ne sombre dans la sénilité et la maladie.
Bien qu'ayant atterri un peu avant 6h du matin ce jeudi 23 janvier, il m'a fallu plus d'un heure pour les formalités d'entrée et afin de récupérer les bagages car la foule était nombreuse, formée principalement par les Viêt Kiêu (vietnamiens résidents à l'étranger). C'est l'exode annuelle et tous les Viêts se doivent de rentrer dans leurs familles respectives car c'est le moment choisi par les ancêtres pour revenir rendre visite à la descendance. La veille, on se rend dans les pagodes (où sont conservées les urnes funéraires pour les personnes qui ont choisi la crémation), pour les offrandes aux ancêtres et brûler des bâtons d'encens en leur honneur. C'est aussi la tournée des cimetières pour celles qui ont préféré d'être inhumées. Le Têt c'est un peu le combo Toussaint/jour de l'an.
Dès la sortie de l'aérogare, j'évite soigneusement les taxis qui attendent juste devant pour pigeonner le quidam. La course peut vite s'avérer onéreuse si le chauffeur s'amuse à prendre les chemins les plus longs sous prétexte d'éviter les bouchons (il roule au compteur).
Je me dirige vers la sortie du parking de l'aéroport et immédiatement je me fais aborder par un taxi non déclaré, en fait une voiture de particulier , qui me propose de me déposer pour la modique somme de 400 000 dôngs (environ 16 €). Je négocie à 200 car c'est un peu au dessous du prix quand on prend un véhicule Grap (le UBER local), mais ils n'ont pas l'autorisation de pénétrer dans l'enceinte de l'aéroport pour protéger le business des taxis. Il baisse à 300 et ne démord pas. Je laisse tomber et décide de sortir car à l'extérieur je pourrais booker un grap, auquel cas les prix sont automatiquement indiqués sans avoir à négocier.
Il y a une ancienne station service, mais hors service, qui sert de zone d'embarquement pour les connaisseurs. Là je croise un Grap en moto qui se propose de me charger pour 100 000 malgré ma grosse valise et mon sac à dos de cabine.
Je passe les 2 premières journées à me balader à pied, comme si j'avais besoin de retrouver l'atmosphère saigonnaise, j'arpente les marchés, profitant pour me délecter des soupes que l'on peut trouver à profusion ici.
Le second jour je prends le bus pour me rendre en centre ville pour enfin inaugurer le métro, qui était déjà en construction lors de notre premier tour du monde en 2014. Il a fallu une quinzaine d'année pour trouver son terme, du fait des détournements de fonds et autres malversations. Lorsque l'argent venait à manquer, le chantier s'arrêtait.
Construit et financé par les japonais, alors qu'à Hanoi ce sont les Chinois qui ont "remporté" le marché, c'est un métro moderne avec seulement une ligne et 14 stations. L'accès aux wagons est protégé par des portes vitrées sur les quais et seule innovation, on peut payer par carte bancaire pour passer les portiques.
Je voulais aussi me promener au marché des fleurs car au moment du Têt tous les larges trottoirs de la ville sont occupés par les marchands de fleurs et de fruits, qui seront déversés à profusion à tous les coins de rue, avec comme point d'orgue le grand rassemblement à proximité du marché de Benh Thanh.
Il y a aussi la grande exposition florale rue Nguyen Huê qui capte l'essentiel des promeneurs nocturnes.
A mon grand étonnement, la circulation est moins dense que d'habitude, signe qu'une partie de la population a déjà quitté la capitale du sud pour rejoindre les provinces. La métropole d'une dizaine de millions d'habitants se vide brutalement des deux tiers de sa population.
D'ailleurs je remarque que certaines échoppes ont déjà tiré les rideaux en fer, alors que l'on est qu'à moins d'une semaine du Têt. Dans le passé, ce n'est qu'au lendemain du Têt que l'on constatait que la ville s'était éteinte. On travaillait jusqu'au dernier jour. Sans doute les gens avaient ils besoin de travailler plus pour gagner plus, selon les préceptes de notre ancien président voyou (on a le droit de le dire à présent qu'il est définitivement condamné dans au moins un de ses démêlés judiciaires).
Je perçois moins d'effervescence qu'en 2018, mais peut être faut il attendre les deux derniers jours.
A la sortie de l'aéroport, jai pris un taxi moto pour aller chez mon cousin, à la Viêt, c'est à dire le sac à dos cabine devant le chauffeur, la grosse valise coincée entre nous deux et ma sacoche dans le dos. Un petit vent frais balaie les sueurs générées par les filles d'attente et la marche forcée pour sortir avec mes bagages. Je me sens bien, de retour à la maison.
La pastèque est aussi à l'honneur sur l'autel des ancêtres. Et pour sophistiquer le fruit, des artistes s'adonnent à la sculpture sur pastèques. C'est époustouflant. Phuoc, Loc, Tho : les 3 vœux au nouvel an. Bonheur, longévité, prospérité souvent représentés par 3 personnages : le premier pourtant un enfant dans les bras (symbole du bonheur), prospérité, le personnage tient des tablettes (signe de son rang social, c'est un mandarin), longévité, le personnage tient une tige au bout de laquelle prend la pomme de la longévité.